Bonjour,
j'ai demandé l'avis à une personne qui a une très bonne culture scientifique,
voilà ce qu'il m'a répondu:
- 1) Tout d’abord, un éclair nocturne apparaît d’autant plus « puissant » que la vision des observateurs est accoutumée à l’obscurité pour y avoir été plongés depuis un minimum de 15 minutes. Cela semble avoir été le cas puisque l’observation s’est produite en seconde partie de votre veillée de « 21h à 00h ».
- 2) Ensuite, formulons l’hypothèse selon laquelle un arc électrique se soit constitué dans l’atmosphère en raison de la proximité de 2 lignes électriques à haute tension, le gaz atmosphérique étant alors ionisé pour momentanément se transformer en plasma lumineux.
Le gaz atmosphérique émet de la lumière par un processus bien connu : la "recombinaison radiative". Dans cette circonstance, les atomes d’un gaz sont tout d’abord perturbés par un apport d’énergie extérieure (ici l’arc électrique), par interaction électromagnétique.
Les électrons changent alors de niveau d’énergie, puis reviennent rapidement à leur niveau précédent, plus ou moins directement, en émettant un photon de lumière à chaque saut d’énergie.
Le photon emporte avec lui exactement la différence d’énergie existant entre les niveaux d’énergie de l’électron avant et après le saut énergétique.
Dans un gaz à la pression atmosphérique, ce qui était le cas sur le flanc du mont Força Réal, les électrons n’ont pas un libre parcours moyen très long hors de leur atome d’origine, donc la recombinaison est très efficace, et pratiquement toute l’énergie électromagnétique apportée au gaz se transforme en photons, en lumière.
L’énergie des photons émis, donc la couleur de la lumière émise, est une signature sans équivoque de la nature du gaz émetteur de cette lumière après excitation (d'où l'un des intérêts de la bonnette à réseau de diffraction ... mais il s'agit là d'une autre histoire !).
Ce phénomène est bien connu des "spectroscopistes" (et aussi fort apprécié des astrophysiciens qui trouvent là le moyen de connaître la composition des gaz situés très loin dans le cosmos)
Des tables indiquent, pour chaque gaz, les longueurs d’onde des photons émis pendant la recombinaison ainsi que les sauts d’énergie les plus souvent observés donc l’intensité relative des diverses couleurs de la lumière émise. Ceci est mis à profit dans la réalisation d’enseignes lumineuses où la couleur de la lumière émise par les tubes est parfois due à un choix très élaboré du gaz ou des mélanges de gaz.
Examinons une de ces tables spectrales pour l’azote et l’oxygène de l’air, car notre atmosphère comporte 78% d’azote et 21% d’oxygène.
Nous y apprenons que :
- l’azote ionisé une fois émet des photons à 868 et 862,9 nanomètres (nm) de longueur d’onde, ce qui correspond, pour l’œil humain, à une perception de lumière de couleur rouge sombre (rappel : l’air comporte 78% d’azote)
- l’oxygène ionisé une fois émet, quant à lui des photons à 777,1 et 615,8 et 630 nm, soit de couleur rouge, orange et rouge orangé (rappel : l’air comporte 21% d’oxygène)
- l’azote ionisé deux fois, c’est à dire avec deux électrons éjectés, revenant à leur niveau, émet des photons à 500,4 et 567,9 nm soit respectivement dans le bleu et le vert.
- l’oxygène ionisé deux fois émet des photons à 464,9 et 411,9 nm dans le violet.
Omettons les photons invisibles pour l’observateur, dans l’infrarouge et l’ultraviolet.
Le degré d’ionisation du gaz dépend étroitement de l’énergie du rayonnement électromagnétique d’excitation, celui qui sert à éjecter les électrons des atomes de leurs orbites d’origine, car aucune émission de lumière n’est possible sans stimulation extérieure. Ainsi, un tube fluorescent d’éclairage n’est lumineux que si le courant électrique le traverse.
Les tables spectroscopiques donnent les énergies nécessaires pour déplacer les électrons de chaque couche atomique de chaque gaz. Ces énergies sont données en général en "électron volt" dont le symbole est eV.
Pour l’azote, les divers électrons sont arrachés de leurs orbites avec des énergies comprises entre 14,534 et 667,03 eV, et bien évidemment, il faut plus d’énergie pour arracher deux électrons qu’un seul.
Pour l’oxygène, ces énergies sont comprises entre 13,618 et 871,39 eV.
Ainsi, dans l’air qui est un mélange des deux gaz comme nous l'avons rappelé, si on excite cet air à énergie croissante, on commencera par exciter l’oxygène à 13,618 eV, puis l’azote vers 14,534 eV. Ces gaz excités émettront de la lumière rouge orangé. En augmentant l’énergie d’excitation, on verra apparaître les photons bleus et verts. En mélangeant ces différents niveaux d’énergie d’excitation, on mélangera toutes ces couleurs qui donneront de la lumière blanche.
>>> Au centre de l’arc électrique les différents niveaux d’énergie d’excitation étant mélangés la lumière apparaît blanche, en périphérie si le niveau d’énergie d’excitation correspond à l’azote ionisé deux fois alors il y aura un contour vert à 567,9 nanomètres de longueur d’onde.
Remerciement à Jean Curnonix
Par contre, s'il y en a qui ont d'autres hypothèses sachez qu'elles sont les bienvenue.
cordialement,
Johan